Prix Nobel et Idex ont occupé le devant de la scène universitaire strasbourgeoise en 2011, mais le travail de consolidation de l'Université de Strasbourg s'est poursuivi. 2012 devrait le voir s'intensifier. Le tour des priorités avec Alain Beretz, président de l'Université de Strasbourg.
En ce début d'année, quel bilan tirez-vous de l'année 2011, qui vient de se terminer ? Quels moments forts en retiendrez-vous ?
Alain Beretz : Ce que je retiendrais de 2011, c'est surtout son caractère exceptionnel. Il y a d'abord les résultats de l'Université de Strasbourg aux différents appels d'offre des Investissements d'avenir. Ils sont numériquement et qualitativement remarquables, d'autant que la moisson continue : nous avons appris juste avant la fin de l'année que 6 nouveaux projets d'équipements d'excellence impliquant Strasbourg (dont 2 pilotés par l'université) venaient d'être déclarés lauréats. Dans le même temps, le ministère nous a fait connaître le montant de la dotation en capital qui nous serait finalement allouée pour financer l'Idex et les Labex strasbourgeois : 750 millions d'euros. C'est à la fois une bonne nouvelle -c'est concret-, et une mauvaise, car nous avions demandé 1,25 milliards d'euros. Bon, il nous faudra nous adapter !
2011 est aussi une année exceptionnelle parce qu'un membre de notre communauté s'est vu remettre le prix Nobel de médecine, et cela n'arrive pas très souvent. Le prix Nobel de Jules Hoffmann est un signal fort donné à la communauté universitaire, mais aussi au-delà, au grand public, sur la qualité de la recherche qui se fait à Strasbourg. Nous sommes aujourd'hui le seul site universitaire en France qui compte deux prix Nobel en activité (Jean-Marie Lehn et Jules Hoffmann). Il est certain que cela impacte notre notoriété.
Enfin, même si c'est moins spectaculaire, on peut dire que 2011 a permis un travail de consolidation de l'université sur toute l'année : par exemple en matière de politique sociale, ou d'offre de formation. Le travail de fond réalisé portera ses fruits à long terme. Il est impacté par le cadre de plus en plus contraignant du budget. Je ne cherche pas à dramatiser, mais il faut bien voir que ces contraintes nous obligent à des arbitrages parfois difficiles. D'autant que l'enthousiasme de la communauté universitaire génère beaucoup de nouveaux projets. Je suis ravi de cette créativité, mais elle provoque des embouteillages : il est donc nécessaire de prioriser les projets.
Comment s'annonce l'année 2012, quels seront les grands dossiers, les grandes échéances ?
AB : Pour moi, 2012 doit clairement être une année de consolidation. Bien sûr, cette année verra la mise en place de l'Idex, un projet que nous devons réussir dans le cadre stratégique fixé, à savoir un positionnement au cœur de l'université et pas comme un objet indépendant. Je me félicite chaque jour que nous ayons défendu cette idée, en dépit des réticences de Paris, qui nous poussait plutôt à mettre l'Idex à part, tout près du soleil...
En 2012, le rapprochement avec l'Université de Haute-Alsace devrait se dessiner clairement, et nous devrons identifier cet intérêt réciproque qui sera le moteur du rattachement, au bénéfice de nos missions fondamentales d'enseignement et de recherche.
Parallèlement, nous bouclerons la préparation du projet d'établissement en vue de la rédaction du contrat quinquennal que nous devons signer avec l'État pour la période 2013-2017. La phase d'échange avec l'AERES a déjà commencé.
Du côté de l'Opération campus, des changements spectaculaires vont se poursuivre sur le campus de l'Esplanade, avec la seconde phase d'aménagement du parc. Et nous espérons démarrer quelques grosses opérations en 2012, si les financements sont disponibles.
Enfin, il se trouve que je suis président d'Eucor en 2012, dans le cadre de la présidence tournante de cette institution : mon objectif est de passer à la vitesse supérieure dans la coopération avec les autres universités du Rhin supérieur. Je voudrais que nous entrions dans une phase plus concrète, quitte à promouvoir des projets plus modestes, moins exigeants, par exemple sur leur caractère trinational.
Pour finir, que souhaitez-vous aux membres de la communauté universitaire strasbourgeoise pour 2012 ?
AB : Je leur souhaite surtout beaucoup de bonheur personnel. On fait bien son travail si on a la condition physique et morale qui permet de se réaliser pleinement. Je n'oublie pas que ce qui constitue l'université, c'est avant tout des hommes et des femmes, des personnels, des étudiants.
Propos recueillis par Caroline Laplane
Lire le discours du président à la cérémonie des vœux du 10 janvier dernier.
C'est désormais officiel : à la rentrée 2012, l'Université de Strasbourg (Unistra) accueillera une Maison régionale pour la science et la technologie. Ce projet, porté avec le rectorat de l'académie de Strasbourg, disposera d'un budget de 8 millions d'euros pour la période 2012-2016. Sa mission principale sera d'assurer la formation continue, dans le domaine scientifique, des enseignants des écoles maternelles, primaires, et des collèges.
Seules les universités de Strasbourg et de Toulouse accueilleront en leur sein, à la rentrée 2012, une Maison régionale pour la science et la technologie. La candidature de Strasbourg a bénéficié du soutien fort du cercle Gutenberg et en particulier de son président, l'académicien Pierre Braunstein.
La mission centrale de la Maison régionale pour la science et la technologie est d'assurer la formation continue, dans le domaine scientifique, des enseignants des écoles maternelles, primaires, et des collèges. Des formations de un à trois jours seront organisées régulièrement. La maison sera aussi un centre de ressources (documentation scientifique, matériel expérimental, etc.), et un lieu de contact entre les enseignants, les chercheurs et les industriels.
Elle s'organisera autour d'un site principal, installé physiquement à l'Institut de zoologie de Strasbourg, et de trois sites satellites (Haguenau, Colmar et Mulhouse). Ensemble, ils mettront en œuvre des dispositifs locaux pour l'accompagnement des enseignants dans les quartiers difficiles. Parmi les bénéficiaires on pourra compter notamment les réseaux Éclair (écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite), les internats d'excellence, les zones rurales, etc. Ces missions impliquent naturellement un volet « égalité des chances ».
Des formations diplômantes
L'adossement de la maison à l'université a été exigé par l'Académie des sciences. Il permet une rencontre naturelle du milieu de l'enseignement et de celui de la recherche, et offre aussi la possibilité de construire des formations diplômantes du type diplôme universitaire (DU), source d'une motivation supplémentaire pour les professeurs.
L'ambition est grande puisque le dispositif prévoit de former sur cinq ans, 25% des enseignants du primaire et des collèges de l'académie de Strasbourg. Le budget de la Maison régionale de la science et de la technologie sera constitué de fonds provenant pour moitié des Investissements d'avenir, et pour moitié de l'Unistra et de l'académie de Strasbourg. Au niveau national, le projet des Maisons régionales pour la science et la technologie est porté par la nouvelle fondation de l'Académie des sciences : La main à la pâte. L'École normale supérieure de Lyon et l'École normale supérieure (Rue d'Ulm, Paris) sont également partenaires du projet.
Six dossiers ÉquipEx sont déclarés lauréats dans la deuxième vague d'appels à projets des Investissements d'avenir.
Les résultats de la vague 2 de l'appel à projets "Équipements d'excellence" des Investissements d'avenir ont été annoncés le 20 décembre dernier par Laurent Wauquiez, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et René Ricol, commissaire général à l'Investissement. Six dossiers sont retenus parmi les projets déposés par les équipes de recherche de l'Université de Strasbourg, dont quatre de dimension nationale. Venant renforcer le potentiel d'excellence de l'Université de Strasbourg, ce nouveau succès permettra de nouvelles avancées scientifiques dans des domaines variés tels que la santé, les nanosciences, l'environnement et le développement durable.
Ainsi, l'Université de Strasbourg et le CNRS vont porter :
Par ailleurs, l'Université de Strasbourg sera partenaire de quatre autres grands projets nationaux dans deux grands secteurs scientifiques :
Les sciences du système Terre-écologie-environnement :
Les sciences de la matière et de l'énergie :
Pour Alain Beretz, président de l'Université de Strasbourg, qui félicite chaleureusement les porteurs de projets lauréats, « ces nouvelles distinctions soulignent l'excellence des équipes de chercheurs de l'Université de Strasbourg et la qualité de notre partenariat avec le CNRS ».
Le budget 2012 de l'Université de Strasbourg a été approuvé par le Conseil d'administration du 15 décembre 2011 (20 voix pour, 5 voix contre et 4 abstentions). Il avoisine les 443 millions d'euros et est en augmentation de 2,6% par rapport au budget de l'année précédente.
Il est également validé par le rectorat de l'académie de Strasbourg, satisfait de l'effort réalisé par l'établissement. En effet, le résultat prévisionnel est positif et la capacité d'autofinancement est en augmentation.
Afin d'obtenir de telles prévisions, le bureau avait rendu, préalablement, des arbitrages afin de respecter la réserve prudentielle préconisée par les services rectoraux. Soit 32 millions d'euros, correspondant à 30 jours de dépenses de fonctionnement de l'établissement.
Le niveau du fonds de roulement a ainsi conduit à proposer un budget dont les investissements sont limités par rapport au passé. La priorisation des dépenses d'investissement a été effectuée par l'équipe de direction, conduisant à n'ouvrir que les moyens nécessaires à la couverture des engagements juridiques de l'établissement. De nouveaux arbitrages seront rendus à la première décision budgétaire modificative (DBM).
F.D.
Retrouvez l'essentiel des chiffres dans le Powerpoint présentant le budget lors du CA du 15 décembre 2011.
Interview d'Alain Beretz et Michel Deneken sur l'établissement du budget, L'Actu n°49 du 10 novembre 2011
Lise Stoeckel et Marie-José Freund-Mercier ont connu Jules Hoffmann étudiant, thésard, puis jeune chercheur. Souvenirs, souvenirs !
« Jules, déjà à cette époque, avait un côté premier de la classe », raconte Lise Stoeckel. Aujourd'hui à la retraite, elle a été directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de microscopie électronique, longtemps dirigé par Aimé Porte. « J'ai commencé mes études avec Jules, je me souviens que nous avons fait au moins notre certificat de zoologie ensemble. Puis, dans les années 1965-70, il a travaillé avec nous pour une partie de sa thèse, ayant rapidement reconnu tout l'intérêt de la microscope électronique, et aussi la grande culture et la disponibilité d'Aimé Porte qui accueillait des chercheurs de tous bords dans son laboratoire dans l'Institut de physiologie. La microscopie électronique, alors récemment adaptée à la biologie, permet en effet grâce à sa haute résolution des observations inaccessibles à l'histologie conventionnelle. Jules s'y est attelé avec l'enthousiasme qui le caractérise. Sur la photo [de gauche], on le voit avec Pierre Joly, son « patron », Aimé Porte et Fred Stutinsky, alors directeur de l'Institut de physiologie. Ils étaient « ses maîtres ». On voit bien à son air sur la photo, combien il était jovial, il avait un bon contact humain, ça lui a servi dans sa carrière de chercheur. Quand il voyageait en train, on s'apercevait à son récit qu'il avait fait la conversation avec tous les voyageurs de son compartiment ! »
Un trait de caractère que confirme Marie-José Freund-Mercier, enseignant-chercheur à l'INCI (Institut des neurosciences cellulaires et intégratives de Strasbourg). Elle a peu travaillé directement avec Jules Hoffmann, mais elle se souvient de lui comme quelqu'un de très vif intellectuellement, qui avait beaucoup d'humour et n'hésitait pas à se moquer de lui-même. « Sur cette photo [de droite], il était venu nous rejoindre pour la fête de Noël. Il était fidèle à ce rendez-vous, car il était resté proche d'Aimé Porte et appréciait de toutes manières les moments de convivialité ».
Et oui, les prix Nobel aussi ont été de jeunes chercheurs !
C.L.
Voir aussi la série de reportages autour de Jules Hoffmann sur France 3
• 14% des effectifs étudiants
• 32% en droit, économie, gestion
• 28% en arts, lettres, langues
• 26% en sciences humaines et sociales
• 14% en sciences et technologies
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